Il y a quelques jours, le Président Exécutif et Directeur Commercial Général Shinichiro Shirakura a donné une interview. Voici la deuxième et dernière partie.

Si vous n’avez pas lu la première partie, vous pouvez la retrouver en cliquant ici.

Quelqu’un était là ?

Pardon, je me suis trompé. Je pensais avoir vu Ricardo entrer, mais ça devait être un fantôme. Continuons.

Quelques questions personnelles pour vous, M. Shirakura. Quels films vous ont marqué dans votre vie ? Et pouvez-vous nous dire quelle est votre garniture d’oden préférée ?

Si vous voulez dire la production la plus mémorable à laquelle j’ai participé, je dirais que c’est Shin Kamen Rider : Prologue. Je n’oublierai jamais ce film parce qu’il a été le premier que j’ai produit et que nous l’avons fait alors que Maître Shotaro Ishinomori était encore vivant. Il y a eu beaucoup de réflexions avec lui pour le réaliser et ça a laissé une marque significative sur ma carrière depuis. C’est simplement un film inoubliable pour moi.

Sinon, hors travail, ce qui m’a le plus marqué au cinéma est La Légende de Baahubali, une série de films indiens. J’ai vu les deux opus récemment, et je ne m’attendais pas à ce qu’ils finissent tout en haut de la liste de mes films préférés. J’étais sûr que mon classement ne bougerait plus jamais avec des classiques comme Le Parrain, Lawrence d’Arabie ou Chantons sous la pluie, mais finalement, Baahubali arrive en tête. Quelle surprise, on en découvre tous les jours, même à mon âge.

Ma garniture d’oden préférée est les algues konbu. Moi, je les aime beaucoup, mais ma femme les déteste.


Vous pouvez nous faire votre plus beau sourire maléfique ?


Que pouvez-vous nous dire sur l’expansion mondiale de Toei ?

Toei a révélé une stratégie commerciale à mi-long terme, dont l’un des objectifs est d’accélérer l’expansion mondiale. Dans le but de la réaliser, nous prévoyons pour commencer une distribution mondiale de certaines de nos franchises. Le plus grand exemple actuel serait Power Rangers. Il s’agit d’une adaptation des séries japonaises Super Sentai, où ils gardaient les séquences d’action que nous tournions ici au Japon et re-filmaient le reste avec des acteurs américains.

Outre ce procédé d’adaptation, je pense qu’il existe également d’autres moyens de faire, comme les remakes, par exemple. Par là, je sous-entends le film Power Rangers de 2017, qui n’utilise rien de la version japonaise, ainsi que Voltes V : Legacy.

Mais il existe aussi une autre option que Toei commence à explorer. C’est tout simplement de distribuer les séries japonaises à l’étranger telles quelles. Nous avons réussi à le faire avec des séries animées, mais c’est plus difficile à faire avec des séries live action.

Vu que c’est le travail d’une autre entreprise, je ne dirai que le strict minimum, mais Mmmzilla Minus Mmm (Godzilla Minus One bafouillé volontairement) a été diffusé sans modification ni censure dans les cinémas américains, et il a plutôt bien marché là-bas. Ce n’était pas comme ça avant, et je pense que nous arrivons à un point où les gens se sentent enfin à l’aise pour regarder des films avec uniquement des acteurs asiatiques. Nous le constatons non seulement en Amérique, mais aussi dans le monde entier. Le film coréen Parasite, qui a remporté de nombreux prix, le démontre. Nous ne voulons pas manquer cette opportunité. Je ne pense pas qu’il soit impossible pour les séries Super Sentai et Kamen Rider de s’étendre à un marché mondial.

Au cours des 50 dernières années, divers facteurs internes et externes ont façonné Sentai et Rider, comme nos origines culturelles, les contextes et l’époque dans lesquels ils ont été créés. Si nous les servions tels quels au reste du monde, les gens ne sauraient pas quoi en faire, parce qu’ils ne comprendraient peut-être pas certains de ces aspects culturels. Et pour être honnête, nous pouvons aussi voir ce phénomène au Japon. Pensez-vous que les gens qui disent aimer Kamen Rider aujourd’hui ont suivi tout ce qui se passait à l’époque du tout premier Kamen Rider ? Bien sûr que non, n’est-ce pas ? Il y a des gens qui viennent à peine de découvrir nos séries et qui ne connaissent que Gavv ou Gotchard. Ce n’est pas juste de s’attendre à ce que tout le monde connaisse Kamen Rider 1gou, 2gou, V3 et toutes les histoires des ères Showa et Heisei pour en parler.

Idéalement, tout le monde devrait être à égalité en terme de plaisir et de discussions autour de ces séries. C’est le genre d’environnement que nous voulons créer et qui profitera non seulement aux Rider et aux Sentai, mais aussi à toutes les autres séries que nous créerons après. Il y a du bon dans la façon dont nous avons abordé les choses jusqu’à présent, et une partie cruciale de notre stratégie de mondialisation consiste à trouver le bon équilibre pour que nos séries puissent être appréciées en même temps par les fans japonais et les fans du monde entier.


Que pouvez-vous nous dire à propos de No.1 Sentai Gozyuger ?

Je reprends ce que je disais. J’ai donc rencontré par hasard Ricardo, un vieil ami brésilien. J’ai été surpris de le voir au Japon parce que d’habitude, eh bien, il vit au Brésil. Il m’a dit : « Salut, Shirakura, bonne chance pour No.1 Sentai Gozyuger ! » et j’ai dit : « Mais, tu n’es pas censé savoir pour Gozyuger. On a enregistré le titre seulement hier. » Comment l’a-t’il su ? Eh bien, nous ne pouvons hélas pas battre la vitesse des informations rendues publiques dans le monde dans lequel nous vivons.

Himitsu Sentai Gorenger a commencé à être diffusé en 1975, ce qui signifie que la franchise aura 50 ans en 2025. C’est un peu bizarre de dire ça quelques années après le 50e anniversaire de Kamen Rider, mais 50 ans, c’est une longue période pour une franchise et ce n’est pas quelque chose que nous devrions prendre pour acquis. Comparé aux célébrations du 35e et du 45e anniversaire que nous avons faites, c’est un tout nouveau niveau de pression à assumer pour une série Super Sentai. Et personne ne ressent plus cette pression que le producteur qui gère la série. Cette année, c’est Takehiro Okawa, mais je ne vois aucune trace de cette pression sur son visage à chaque fois que je le croise, c’est incroyable.

Il me dit que le titre est censé indiquer le Sentai le plus fort de ces 50 années. Ce n’est pas seulement le 50e anniversaire, ce n’est pas seulement la 50e équipe Sentai, ce sera le Super Sentai numéro un. C’est ce que le titre indique, et ce que la série entend refléter. Être le numéro un de toutes les manières possibles. C’est ce que Gozyuger représente en tant que Sentai. Je pense que nous avons réuni une équipe solide, et la série vous réserve de très belles surprises. Personnellement, je suis très impatient de voir le résultat final.

Quand arrivent les anniversaires marquants, nous ne pouvons pas nous permettre de rester coincés dans la nostalgie du passé. Au lieu de nous concentrer uniquement sur cette nostalgie, nous devons l’utiliser comme un tremplin, une base pour créer quelque chose de nouveau, parce que nous vivons tous dans le présent, que ce soit nous, les créateurs, ou les téléspectateurs. C’est comme ça que nous arriverons à créer quelque chose de nouveau et que nous avancerons vers l’avenir. C’est de là que naît l’espoir, et c’est ce que signifie vraiment fêter un anniversaire.

Et pile à la période où cette idée me traversait l’esprit, Takehiro Okawa est choisi pour être le producteur de la série. Il est très compétent, connaît l’Histoire de la franchise par cœur et a beaucoup de respect pour les séries du passé, et je sais qu’il n’a pas peur de les considérer comme un tremplin.

C’est pourquoi j’attends Gozyuger avec impatience. Et même s’il est sous pression, je ne suis pas du tout inquiêt pour Okawa. Et comme je ne le suis pas, il ne devrait pas l’être non plus. Foncez. Tout ira bien. Bon, par contre, si ça bide, ne venez pas me blâmer ensuite.

Merci beaucoup de m’avoir écouté. Il y a eu beaucoup de questions auxquelles je n’ai pas pu répondre, mais si nous devons recommencer, je veillerai à me concentrer sur les vraies questions percutantes. J’y répondrai, et ensuite ils biperont tout ce que je dirai. Alors, s’il vous plaît, envoyez-en autant que possible.

Merci d’encourager Toei, notre travail, et le TTFC.

Shinichiro Shirakura

0 11 minutes 2 semaines 474

Laisser un commentaire