Soudain, un lourd tintement de métal retentit.
Des épées qui s’entrechoquent.
Derrière une étincelle, un chevalier avec un long manteau blanc.
En face de lui, un chevalier avec un long manteau noir maniant deux épées courtes.
« Et alors ? Tu crois toujours que tu es le plus fort ? »
Le chevalier en manteau blanc ne répondit pas à la provocation.
Mais ses yeux étaient concentrés et ses mains fermement serrées sur le manche de son épée.
Pourquoi ces frères d’armes qui partagent le même idéal croisent le fer ?
Pourquoi doivent-ils encore se battre ?
Un long silence suivit.
Ce n’est pas un bon moment pour faire une sieste.
La tranquillité de la scène et leur esprit combatif étaient admirables.
Crac.
Un son donna le signal de départ.
« Hooooo ! »
« Haaaaa ! »
Ils foncèrent l’un sur l’autre en hurlant.
Mais quand leurs épées furent sur le point de s’entrechoquer, quelque chose apparut entre eux.
Le chevalier au manteau blanc l’attrape de la pointe de son épée.
C’était quelque chose de petit et de blanc.
« Une gomme ? »
« Je crois. »
Ils se retournèrent et virent une femme avec une prestance diabolique. On aurait dit un ogre.
« Hé, arrêtez de bouger ! »
Sur une feuille blanche, des traits censés immortaliser cet instant d’il y a quelques secondes.
Les chevaliers rengainèrent leurs épées, laissèrent échapper un soupir puis se saluèrent.
« Pause ! Tiens papa. »
Raiga apporta un verre d’eau au chevalier en manteau blanc.
Le son du signal du départ venait de là.
« Merci. »
Tout en souriant, il but son eau jusqu’à la dernière goutte.
« Et voilà pour toi, tonton. »
À première vue, ce qu’il offrit au chevalier en manteau noir était aussi de l’eau.
Mais ça n’en avait pas l’odeur et de fines bulles pétillaient à l’intérieur.
« Ah, merci. Toi au moins, tu me connais ! »
Tout en tapotant la tête de Raiga, il porta son verre aux lèvres, mais il s’arrêta soudainement.
« Hé, attends, ne m’appelle pas « oncle » ! »
Une voix de femme retentit de la main gauche du chevalier qu’il appelait « oncle ».
« Tu fais peut-être tout pour te la jouer jeune, mais à ses yeux, tu es carrément un petit vieux. »
« Quoi ? Même toi tu t’y mets ? »
Le père, la mère, tout le monde rit.
Mais le vieil homme et son sourire n’étaient pas là.
Un jardin recouvert par la tendresse de la lumière du soleil.
Les chevaliers prennent soin de leurs armes.
Puisqu’elles sont faites de Soul Metal, elles n’ont aucune rayure.
Même ils prennent quand même le temps de s’en occuper.
C’est comme s’ils leur transmettaient quelque chose, comme s’ils voulaient s’assurer de quelque chose.
La mère dessinait un joli petit chevalier sur son carnet.
C’est un chevalier d’un blanc pur tenant une lance plus grande que lui de plusieurs mètres.
« C’est pour un nouveau livre ? »
En entendant la voix de Raiga, elle cacha rapidement son dessin.
« Ne regarde pas maintenant ! Attends que je l’ai fini ! »
« Pfff… »
Elle enlaça tendrement Raiga.
« Merci de m’avoir aidée tout à l’heure ».
« C’est rien, quelqu’un devait le faire. Et puis… »
« Et puis ? »
« Je suis l’enfant de la maison, je dois protéger les choses précieuses de la maison tant que je le peux encore. »
Ces mots surprirent sa mère.
Il avait compris ce que le vieil homme lui avait dit.
La mère était profondément émue que son garçon ait grandi. Elle remercia le vieil homme du plus profond de son coeur.
Mais pas que pour son fils, elle le remercia pour tout ce qu’il a fait.
« Qu’est-ce qui se passe, maman ? Pourquoi tu pleures ? »
En essuyant les larmes qui coulaient sur ses joues, elle lui répondit en souriant…
« Tout va bien, tout va bien. »
Mais même en les essuyant, les larmes continuaient de couler…
Quand les chevaliers sentirent sa présence, ils arrêtèrent ce qu’ils faisaient.
Une ombre noire apparut de derrière les arbres.
Une voix d’homme avec un son métallique retentit.
« Ne vous inquiétez pas, il n’est pas maléfique. »
Il portait beaucoup de valises.
La tension des chevaliers se dissipa.
« Je suis de retour. »
Un visage apparut au milieu de toutes ces valises. C’était le vieil homme.
« Bon retour ! »
Raiga sauta sur lui, ce qui fit trébucher les valises.
Le vieil homme embarrassé se dépêcha de tout ramasser.
« Ce sont des souvenirs. Voilà pour monsieur, euh, ça c’est… »
Il était tellement content qu’il ressemblait à un enfant.
« Oh là là, prendre des vacances, c’était comme un rêve. »
« Tu t’es bien amusé ? »
Le père parla gentiment.
« Oui, merci. Maître, mademoiselle, maître Raiga, je vous remercie du fond du coeur. »
Le père et la mère étaient heureux pour lui, ils lui sourirent.
« Où tu es allé ? »
« Comme vous pouvez vous en douter, vu mon âge, je ne suis allé que dans des sources chaudes. De sources chaudes en sources chaudes… »
Le poids des âges aurait dû le fatiguer mais au contraire, il déployait une vitalité hors du commun, comme s’il était de nouveau jeune.
« Puisque je me suis absenté longtemps, je vais vous préparer un dîner exceptionnel, ce soir ! »
« Génial ! »
« Bon, je peux me joindre à vous ? »
« Et alors, tonton ? Je croyais que tu avais dit que tu rentrerais sans manger, tout à l’heure ? »
« J’espère que tu ne sous-entends pas que je fais de la mauvaise cuisine, quand même ? »
Aucune autre femme au monde ne pourrait faire peur comme ça à un Makai Kishi.
Tout le monde rit quand le chevalier tenta de prendre ses jambes à son cou.
Au milieu de la scène, le vieil homme sourit, lui aussi.
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FIN